L'oeuvre :
C’est l’histoire d’un trait, qui se fait lien. Un trait d’union. Elle tend son bras jusqu’à lui, comme une invitation. Mais alors, de son poing, elle frappe l’homme en plein bas-ventre. Il vacille, il plie sous le choc mais tient encore. Elle déploie ses griffes pour mieux écharper les viscères de sa cible. Le cordon se gonfle de poison ; elle le distille là où elle sait qu’elle atteindra le plus l’homme. Elle s’acharne mais il est plus fort. Elle était apparue telle une promesse, figure de douceur et simplicité. Mais elle avançait masquée. Le tendre pinceau des débuts se transforma alors en mine acérée, pour transfigurer la proie en figure christique. L’homme s’était relevé, élevé. Son oeuvre à elle resterait inachevée
L'artiste :
Baptiste Leonne est un artiste à vif.
De la musique à la peinture, de la photo à l’écriture, il crache ce qu’il sent. Aucune modulation dans l’intensité : elle est restituée telle quelle. Ses oeuvres percutent.
L’individu est au coeur de son art. Le regard trans-perçant de Baptiste Leonne l’emmène aux confins de l’intime, où il nous embarque avec lui.
Que l’on pénètre au plus profond des personnages ou que l’artiste les impose au spectateur comme des miroirs sans complaisance, ce jeu entre extro- et intro-spection, provoque le trouble voire l’inconfort, une démarche qui jalonne l’oeuvre de Baptiste Leonne.
En photo comme en peinture, qu’il travaille tout en délicatesse avec une palette presque maniériste, ou dans un registre proche du brutalisme avec des aplats monochromes saturés, Baptiste Leonne a toujours le trait et le ton justes. Il prend des risques pour servir sans compromis des sujets sensibles tels que l’identité, la souffrance ou l’a-normalité. Il ose et trouve l’équilibre subtile entre douceur et violence, vulnérabilité et puissance, délicatesse et radicalité. Baptiste Leonne est un artiste qui n’en finit pas de se renouveler et de nous bousculer.
Texte de Lucile Merlin pour Léo Balzac